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CUCURON:
L'ARBRE DE MAI Dans un petit village du Luberon, les hommes perpétuent chaque année une
tradition mi païenne, mi chrétienne, entre jouissance et bonne foi : celle de l'arbre de
Mai. Ce rituel aux racines profondes qui nous relie aux druides de la forêt celtique,
sanctuaire des dieux oubliés a lieu, conformément au calendrier romain, le samedi
suivant le 21 mai. Il
consiste à choisir un peuplier roi ou "piboule" ; un arbre bien portant dont on
peut faire le tour aisément avec les deux bras et qui soit capable de rivaliser de
hauteur avec le clocher de l'église. Une fois choisi, il sera coupé, porté à dos
d'hommes jusquà la route la plus proche où une quarantaine de villageois le
chargent sur un camion. Après un
petit "goûter" à base de charcuterie arrosée de vins, on décore "le
mai" de la base au sommet avec des fleurs et des rubans et enfin, l'Enseigne de la
jeunesse, choisie parmi les plus assidus aux cours de catéchisme, monte à califourchon
sur l'arbre en brandissant le drapeau tricolore alors que l'on amène le
"piboule" en procession à travers les rues de la ville jusqu'à la place de
l'église où il sera hissé après un vrai parcours du combattant entre la porte de
Pertuis et les petites rues.
Les femmes furent pendant longtemps mise à
l'écart des festivités, et ce n'est qu'en 1979 qu'elles eurent le droit de faire la
fête avec les hommes. En 1912, un maire était même allé jusqu'à dresser un procès
verbal à 11 jeunes filles qui avaient pris part aux réjouissances. Chaque
tradition a ses petites légendes et celle de l'arbre de Mai ne déroge pas à la règle.
En effet, en 1720, année noire où la peste s'abattit sur la région, seul le village de
Cucuron fut épargné par le fléau. Les habitants attribuèrent ce miracle à leur sainte
patronne, Sainte Tulle, qu'ils célébrèrent avec l'arbre de mai jusqu'à la Révolution
qui transforma l'arbre de Mai en arbre de la liberté. C'est pour cela que, encore de nos
jours, on associe à Cucuron, l'Eglise avec l'Etat, croyants et athées. Enfin,
pour terminer avec les légendes de cette tradition, une petite note particulière pour
les jeunes filles : il paraît que toutes celles qui réussiront à passer sous l'arbre
pendant son transport, trouveront, en principe, un mari dans l'année. Chez
nous, le peuplier tire son nom du latin Populus qui signifie peuple. La légende dit que
c'est l'arbre du peuple puisque ce serait sous des peupliers que celui-ci prenait
autrefois des décisions importantes. Il a toujours était un symbole de fête dans les
sociétés paysannes du XVIIIe siècle. Il faut l'imaginer décoré de tissu et coiffé
d'un chapeau. Après avoir été l'emblème de l'indépendance américaine, il est devenu
l'emblème de la révolution française.
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