Jean-Paul JOURDAN

1997

Grammaire

 Des exercices en travail individuel

 Des moments de "leçon"

 Grammaire et langues vivantes

 Grammaire et orthographe

 

 

Dans mes premières années d'enseignement, profondément marqué par mes toutes fraîches études de fac qui n'avaient alors d'yeux que pour une analyse structurale, je me suis trouvé en CM2 en situation de défaire chez les élèves toutes les certitudes laborieusement apprises avec les collègues précédents …

L'insécurité ainsi créée pour une seule année n'a sans doute profité qu'aux quelques élèves soit plus doués, soit plus réactifs à mon approche.

Le temps passant, les descentes pas franchement bonnes du collège et des profs de latin … j'ai dû arriver à un certain "compromis" dont je ne suis pas vraiment satisfait mais qui me semble avoir le mérité de l'utile dans le cursus de l'élève au collège au moins. Je le livre tel quel sans grande conviction.

A bien y réfléchir, la grammaire en tant que langage sur le langage constitue une des premières expériences de l'enfant de l'abstraction. N'aurait-elle que cette fonction, cela vaut il me semble qu'on s'y arrête. Sous cet aspect, il me semble évident aussi qu'il faut veiller à ne pas précipiter cet apprentissage dans le temps. L'enfant a besoin d'abord d'une bonne expérience de sa langue pour pouvoir validement l'observer !

 

 Des exercices au plan de travail ( travail individuel).

Pour chaque période de deux semaines, j'inscris au plan de travail 6 (début CM1) à 10 (fin CM2) exercices pour l'essentiel tirés de la grammaire Genouvrier Larousse. La moitié s'applique au domaine de la phrase, l'autre moitié au domaine du verbe.

Les exercices se présentent comme des gammes répétitives, des exercices structuraux (mais à l'écrit) portant soit sur l'axe paradigmatique soit sur l'axe syntagmatique.

Sur l'axe paradigmatique (on cherche à remplacer un groupe par tous les équivalents possibles) j'utilise beaucoup les extension/réduction des groupes nominaux ainsi que la pronominalisation.

Sur l'axe syntagmatique je trouve intéressants les exercices de transformation active/passive, les exercices de déplacement des groupes, les exercices combinant les phrases simples pour obtenir des phrases complexes par coordination ou subordination.

J'attends de ce travail:

- un bénéfice d'orthographe dans la mesure où l'enfant est amené à beaucoup d'écriture tout en disposant des mots déjà orthographiés. En fait, un exercice de copie juste amélioré par le fait que des transformations mettent en évidence des modifications orthographiques.

- un bénéfice de rapidité d'exécution (écriture + présentation) qui est une compétence oh combien nécessaire au collège !

- un petit bénéfice sans doute pour l'expression écrite. Il m'est difficile de faire la part des gains acquis ici dans la rédaction des textes. J'ai pu réré cependant de façon assez constante la reprise de structures développées dans ces exercices dans les textes des enfants. ( J'ai pu constater aussi par exemple la reprise de structures du texte le M Aymé , "Le passe muraille" , après seulement avoir visionné la cassette du film avec Michel Serrault, film dont la voix off est magnifique et donne au texte un reflet particulier. Cette parenthèse pour bien insister sur le fait qu'il y a bien d'autres pistes que la grammaire pour développer l'expression écrite !

Le fait de travailler pour une part ainsi ni sur des textes d'enfants, ni sur des textes d'auteur que j'aime en tant que texte me permet autoriser cet aspect "gamme". J'ai essayé ce type de travail sur de beaux textes, mais très vite, ce travail me semble abîmer les textes. Je ne crois pas que beaucoup d'auteurs aiment qu'on utilise leurs textes pour des exercices chiants de grammaire !

 

 Des moments de "leçon".

La grammaire, c'est une discipline scolaire avec son vocabulaire, sa logique (ou ses défauts de logique), son organisation, son vocabulaire et ses savoirs d'inités.

Je renonce pour une large part à rechercher à retrouver tout ça à partir de l'observation seulement car si ce serait possible avec des outils de linguiste, cela devient impossible en grammaire car on ne retrouve que difficilement la grammaire traditionnelle telle qu'elle sévit encore …

Je considère, pour gagner du temps, qu'il est judicieux de présenter à l'enfant la totalité du système. Je le donne en début d'année sous forme d'outil "aide-mémoire"( téléchager ici). "Les leçons" tout au long de l'année (de l'ordre d'une demi-heure par semaine) consistent à explorer tel ou tel aspect de cet aide-mémoire puis très vite de dire avec l'aide mémoire tout ce que l'on peut dire avec les mots de la grammaire de telle ou telle phrase.

Dans un premier temps les enfants découvrent le vocabulaire grammatical. Puis peu à peu, chaque concept prend du sens et en fin de CM les plus avancés sont capables de redécrire le système.

 

 Grammaire et langues vivantes

Je ne veux pas trancher sur le fait de savoir si on peut ou non se passer de grammaire pour apprendre une langue vivante, si la grammaire peut ou non faire gagner du temps dans l'apprentissage d'une langue.

Je ne suis pas partisan de soumettre l'apprentissage de la grammaire à cette utilité future supposée. C'est surtout vrai si l'on pense au Latin ou à l'Allemand qui obligeraient à voir la grammaire sous un angle particulier très loin d'une approche linguistique.

 

Depuis quelques années, j'essaie d'introduire le plus souvent possible cependant une grammaire "comparée" : les possessifs, le phénomène de déclinaison, la conjugaison avec auxiliaire ou avec terminaison, les accords de genre et nombre, l'ordre des mots etc…

 

 Grammaire et orthographe.

L'orthographe est un apprentissage complexe s'il en est … L'apprentissage scolaire de l'orthographe repose en partie sur la grammaire (sujet / verbe / et accessoirement COD pour les fonctions) mais aussi beaucoup sur les natures (nom / verbe conjugué / participe / mots invariables) que ce soit pour les accords ou pour la distinction des homophones. Le fait pour l'enfant de disposer de références grammaticales peut s'assimiler à la possession de clefs de lecture du complexe, un peu comme pour un tableau. Le fait de disposer de ces clefs rend plus facile la discrimination.