Résumé fait avec l'aide de Mr Rouviere

Pourquoi la population de l'Ardèche a-t-elle diminué entre le 13è et le 20 è siècle ?

Il y a 3 grandes périodes dans l'évolution de la population en Ardèche :

1 - de 1801 à 1861 la population passe de 266 000 à 388 000 habitants. Il y a une forte augmentation, c'est le maximum qu'a connu l'Ardèche. Alors que dans le reste de la France, les campagnes se vident de leur population.

2 - De 1861 à 1900 on passe de 388 000 à 370 000 habitants, il y a une petite baisse.

3 - de 1900 à 1954 on passe de 370 000 à 249 000 habitants, c'est une forte chute.

1ERE PERIODE :Pourquoi dans la 1ère partie du 19ème siècle la population augmente fortement ?

La Révolution Industrielle pénètre peu dans l'Ardèche des " pentes ", les machines agricoles ne peuvent pas fonctionner sur les faïsses. Si les gens restent au pays, c'est qu'ils arrivent à se nourrir, donc à produire leur nourriture. 9 habitants sur 10 sont paysans. La base de la nourriture chez nous à cette époque est composée de 3 produits : Les RAVES (aujourd'hui " betterave fourragère ") Les POMMES DE TERRE, Les CHATAIGNES. On les mangeait surtout séchées, on en faisait peu de farine car elle se conservait mal. Il y a aussi les " BLEDS ". Les bleds (du mot " blé "), c'est tout ce que l'on peut faire avec des céréales broyées sous forme de farine : des galettes, du pain… (c'est la base de la nourriture en France). Mais en Ardèche, les bleds arrivaient à nourrir la population seulement pour 6 mois de l'année. Les 2 grandes cultures de cette époque sont celles du CHATAIGNIER et celle du MURIER pour l'élevage des vers à soie.

La Sériciculture : le vers à soie. La soie est un produit de luxe que les ardéchois n'utilisaient pas, leur travail consistait à produire les cocons afin qu'ils soient transformés en fils puis en tissus par les industries textiles. Dès 1820, on arrive à gagner beaucoup d'argent avec la production de cocons. En un mois (30 jours) de travail des cocons, on gagnait autant qu'en 100 jours de travail pour un ouvrier qualifié (menuisier, maçon…) , donc tout le monde s'est mis à produire des cocons. C'est à cette époque que l'on commence à construire contre les maisons des terrasses couvertes, elles servaient pour le dévidage des cocons qui devait se faire dans un endroit très aéré. Même en ville, à Largentière on élevait des vers à soie, c'est pour cela qu'il y a des terrasses couvertes aux derniers étages des immeubles. C'était un travail difficile, il fallait nettoyer les litières 12 à 14 fois par jour et les nourrir 4 fois en 24 heures. On élevait des vers à soie pour gagner de l'argent. Cet argent servait à acheter tout ce que l'on ne pouvait pas produire comme l'huile pour lampe, le sel, le savon etc…

Pourquoi la population augmente durant cette période ? En 1861, l'Ardèche est couverte de mûriers et de châtaigniers. La famille était quelque chose de très important pour les ardéchois, et comme on gagnait assez d'argent (grâce aux vers à soie) pour nourrir une grande famille, on faisait beaucoup d'enfants. C'est peut-être pour cela que la population a fortement augmentée lors de cette 1ère partie du 19ème siècle.

Les industries au 19ème siècle en Ardèche : Les industries regroupent les usines dans lesquelles on " transforme " des produits, exemples : les cocons sont transformés en fils et en tissus, les chiffons sont transformés en papier, le coton en tissus, le chanvre en fils etc… A Annonay, on fabriquait du papier avec des chiffons (c'est plus tard qu'on le fabriquera avec du bois), à Aubenas on fabrique des textiles avec de la soie, du coton ,de la laine et aussi du chanvre (plante cultivée pour faire du fil, plus tard, on en fera des cordes).

2ème PERIODE : le début des crises.

En 1861, l'Ardèche atteint son maximum au niveau de la population, et aussi un maximum au niveau de sa production (châtaignes, cocons…). Des difficultés vont venir de plusieurs crises : la pébrine, la chute du prix des cocons, le phylloxéra, la maladie de l'encre.

1850 à 1875 : la Pébrine touche les vers à soie. C'est une maladie qui tue les vers à soie, cette maladie est peut-être apparue à cause du nombre très important de vers élevés, ils étaient trop entassés, il y avait peut-être moins de soins et la maladie a pu facilement se propager. En 1875 Pasteur leur a trouvé un remède. Mais il est trop tard, car le prix du kilo de cocon a chuté, de 7 francs le kg en 1870, il passe à 3,40 francs en 1911. L'ouverture du canal de Suez a provoqué l'arrivée de la soie d'Extrême Orient (Chine, Japon…) à bas prix. Donc on ne gagne plus assez d'argent à élever des vers à soie. De 1869 à 1882 le phylloxéra (maladie) détruit la moitié des vignes.

En 1875 : la maladie de l'encre touche les châtaigniers. Elle porte ce nom, car elle donnait au bois une couleur bleutée. C'était une crise grave, car elle touchait à une des bases de la nourriture des ardéchois. Comme les arbres étaient morts, on les a coupé pour vendre le bois. Le bois servait ensuite à fabriquer du tanin (produit qui sert à traiter le cuir) à Lalevade à côté d'Aubenas.

Conséquences : On manque de nourriture et d'argent, la population cesse d'augmenter. On commence à envoyer une partie de la famille travailler en ville. Surtout les enfants (dès 5 ou 6 ans) et les jeunes filles, ils partaient dans les filatures et les moulinages pour gagner un peu d'argent. Mais ils gagnaient très peu, et les conditions de travail étaient très difficiles. Ils travaillaient entre 15 à 20 h par jour et n'avaient que quelques heures le dimanche pour rejoindre leur famille et aller à la messe. Ce qu'ils racontaient de leur vie à l'usine ne donnait pas envie aux autres d'y aller. Ces personnes mourraient jeunes en raison des mauvaises conditions de travail. Les jeunes hommes, eux, partaient louer leurs services dans d'autres départements (dans les mines, les vignes, les travaux saisonniers…), certains finissaient par trouver un emploi et ne revenaient pas.

3ème PERIODE , la chute de la population durant le 20ème siècle.

La chute commence avec la 1ère guerre mondiale de 1914 / 1918. Il y aura beaucoup de morts, et d'estropiés. Durant 4 années, il y a eu peu de jeunes hommes pour maintenir les exploitations. Ceux qui reviennent sont traumatisés par ce qu'ils ont vu et ce qu'ils ont vécu et beaucoup ne restent pas longtemps, ils préfèrent quitter leur village.

Pourquoi ? Pendant toute la guerre, on a caché aux gens des villages ce qui se passait sur le front, les lettres des combattants étaient triées afin de n'envoyer que celles qui donnaient de bonnes nouvelles. Les survivants n'arrivent pas à raconter ce qu'ils ont vécu, peu de gens veulent les croire, ce qu'ils racontent est trop horrible. Ils se sentent donc incompris et finissent par quitter leur village natal.

Durant le 20ème siècle, beaucoup de gens continuent de quitter l'Ardèche, on ne gagne plus assez d'argent avec les cocons, les châtaigniers sont malades, la vie y est rude. En plus de cela, beaucoup se rendent compte qu'ils peuvent gagner beaucoup plus d'argent dans les villes, qu'ils peuvent avoir un salaire régulier qui ne dépend pas des récoltes.

Conséquence : en 1954, il ne reste que 249 077 habitants en Ardèche. Aujourd'hui, il semble que le nombre d'habitant remonte, différents types de populations s'installent : ceux qui ont choisi de retourner à la campagne (ils viennent des villes) et ont trouvé des solutions pour y vivre, des touristes qui ont acheté une maison et viennent y passer leurs vacances.